Un baiser est nomade, il voyage en nous par tous les frissons dont il a plu aux émotions de faire danser le corps !
Je me laisse aller à toutes les interprétations, je brode sur ce qui dura quelques secondes pour en isoler un fil qui me relie à l'éternité, je savoure un élixir de volupté en entrouvrant ma bouche à la féérie d'un souvenir, et je m'épuise à dire la fulgurance en fouillant des raisonnements comme des poches vides.
Un baiser peut-il avoir les couleurs des voyelles de Rimbaud, et, si je veux épeler une émotion, faut-il découvrir un alphabet qui transcrive tous les silences m'empêchant de dire que j'aimais ?
Comment ce baiser en est-il venu à tisser mon existence par un texte impossible à raconter ? Car je dois le tenir caché, ce baiser sacrilège. J'ai l'air d'inscrire la tragédie au coeur du badinage. Il a dû le penser, j'en suis sûre, mais il n'a rien dit. Il s'est contenté de m'embrasser.
*
Je repense souvent à ce baiser, mi-consenti, mi-volé. Cela dura quelques secondes. C'était trop court et, en même temps, c'était l'éternité.
Il me manque.